Le 20 mars en fin d’après-midi, nous avons été
destinataires d’un message surprenant. Y était joint un document de 48 pages,
intitulé « Ivry au Cœur » (nom de la liste de l’actuelle majorité
municipale). Il était écrit : « Nous sommes à un an de la fin du
mandat et la majorité, avec l’ensemble de l’administration, a travaillé à un
document de présentation des actions menées sur cette période ». C’est
donc un bilan de la majorité municipale pour elle-même, établi avec les moyens
de la Ville et son administration.
Il y a une opposition dans ce Conseil Municipal et nous en
sommes. Il ne nous a pas été demandé d’y participer. Mais il nous est proposé de
nous exprimer sur lui. Sur 48 pages de bilan, nous devons donner notre avis en
2500 signes, en moins de 6 jours.
Curieuse conception de la démocratie, qui, en tout cas,
n’est pas la nôtre.
Durant l’année préélectorale, le maire ne peut pas utiliser
les moyens de la ville pour établir et diffuser unilatéralement son bilan. Soit
c’est un document de la majorité pour défendre son action et elle doit
l’établir et l’assumer seule ; soit c’est un document municipal, avec les
moyens de la ville, et il doit donner une place raisonnable aux autres voix qui
s’expriment dans la Ville. Vous jugerez.
La démocratie, ce n’est pas donner une parole réduite, comme
dans Ivry Ma Ville où l’espace de la majorité est démultiplié, hors de
proportion avec la représentativité émanant du scrutin municipal.
La démocratie, ce n’est pas non plus laisser parler, sans
écouter ni tenir compte de ce qui est dit par les autres.
Dans l’espace restreint qui nous est concédé, nous ne
pouvons analyser 48 pages d’auto satisfaction. Si nous le faisions en si peu de
place, notre expression serait trop sommaire pour être utile et il serait trop
facile de la caricaturer. Et pourtant il y a beaucoup à dire.
Ivry est une ville dynamique, riche d’un patrimoine
culturel, associatif, architectural, sportif et humain. Mais de nombreux
chantiers attendent des actes forts, clairs, mesurables. Nous sommes là confrontés
à des chiffres, sortis de leur contexte. Les informations données sont
orientées et partielles. Par exemple : 20 logements ont bien été créés
pour les jeunes à Louis Bertrand, mais le document omet de rappeler qu’ils
l’ont été par la suppression d’un foyer pour personnes âgées et que par
ailleurs la ville a décidé la fermeture des 44 logements du foyer Spinoza.
Nous allons donc nous aussi établir un bilan en plusieurs volets, à nos frais et sans le support de l’administration communale. Vous le trouverez sur notre site.
Nous vous souhaitons néanmoins une bonne lecture.
Les élus du groupe socialiste
Thèmes :
EDUCATION
Ce que nous pensons du bilan de la majorité municipale :
La commune a en charge la construction et l’entretien des écoles. Selon le bilan diffusé par la majorité municipale, 2 écoles ont été inaugurées durant ce mandat (Rosa Parks et Rosalind Franklin) ; mais il oublie de préciser que ces 2 écoles ont été lancées durant le précédent mandat, sous la responsabilité de Sandrine Bernard, actuelle présidente du groupe socialiste, alors adjointe. Combien ont été réellement lancées dans ce mandat et qu’en dire ? D’abord, la majorité municipale a cédé à une tentation regrettable, celle de dépasser la taille des 20 classes par groupe scolaire. Ce seuil n’était pas hasardeux. Il avait été considéré que des établissements de plus de 14 classes permettaient d’avoir un directeur déchargé pour l’école primaire, une dimension humaine pour les enfants tout en permettant une mutualisation des locaux de restauration (un office, 2 salles de restauration) et de la gestion (des absences par exemple). Mais au-delà de 19/20 classes, la charge de travail pour le directeur devient trop lourde, le temps consacré aux équipes, aux parents, aux problématiques d’enfants n’est plus suffisant, et surtout la densité pour des enfants de 3 à 12 ans est bien trop forte (bruit dans la cour, flux dans les couloirs, taille du restaurant…). Un groupe scolaire est visiblement annoncé, lancé, de 25 classes. Et l’extension de Makarenko fait atteindre 32 classes au groupe scolaire. Course à la promotion immobilière oblige, les m2 dédiés aux équipements publics coûtent trop cher ! Ensuite, ce mandat a permis de mettre le doigt sur le manque de maintenance du patrimoine scolaire. Avec un budget d’entretien réduit chaque année (Il était de 2 millions par an il y a quelques années, il est de 1,7 millions cette année, inférieur d’ailleurs aux subventions perçues dans ce secteur : la fissure du mur d’enceinte de l’école Einstein n’a pas été traitée à temps, provoquant l’écroulement, heureusement hors temps de présence des enfants, de ce pan de terre dans la cour de l’école ; les infiltrations de l’école de l’Orme-aux-Chats s’accentuent, dégradant tous les locaux… Résultat : La ville réagit dans l’urgence, trop tard, avec un coût supérieur et des désordres complémentaires en découlant. En matière éducative, la ville dote les écoles en fournitures, matériel et équipements. Dans ce domaine, forte de son histoire, elle accorde des moyens conséquents, même si elle a eu le tort de réduire la dotation de 5 € par élève durant ce mandat, soit 31000 € d’économies (ce qui ne représente rien pour la ville, mais beaucoup à l’échelle des écoles). Le refus de se mettre à l’ère du numérique est également fâcheuse et caractéristique. Une dotation tardive, poussive et dépassée (des simples vidéoprojecteurs) ne permettra ni d’impulser ni de développer cette innovation pédagogique. Elle organise également les temps éducatifs et les accueils péri et extrascolaires. Est-il utile de revenir sur les choix catastrophiques faits dans ce domaine, mettant l’intérêt de l’enfant au dernier plan et ayant conduit à lui faire subir 3 réorganisations en 4 ans ? Dans ce domaine, les accueils sont en régie, avec une qualité très disparate entre sites. Le seul vrai bilan positif dans ce domaine, construit par les services, est la mise en place du petit Robespierre, pour la formation et le développement des projets éducatifs des accueils de loisirs. Ajoutons enfin que la réforme qui s’engage de la gestion des inscriptions et des pointages pourrait être une bonne idée s’il n’était pas mis en œuvre avec la lourdeur et le manque de méthode propre à cette commune. Explications insuffisantes, délais inutilement longs pour s’inscrire, matériel mis en place partout sans expérimentation… ces outils sont censés faciliter la vie des familles, et non aggraver les fonctionnements pour tous (usagers et professionnels). Encore un gaspillage financier mal pensé et inefficace.
Ce que le groupe socialiste a fait de son côté, dans son rôle d’opposant :
• Editer une comparaison objective des différents scénarios en matière d’aménagement des temps de l’enfant pour informer les familles de manière plus honnête que les arguments orientés de la mairie • Mener une étude indépendante de l’effondrement du mur d’enceinte de l’école Einstein en mars 2017 et demander les études de la municipalité – sans jamais les avoir reçues • Consulter et photocopier le permis de construire du collège pollué d’Ivry Port pour constater les exigences de la Préfecture en matière de dépollution, mais aussi constater les documents manquants, non accessibles au public • Rester en relation avec les fédérations et associations de parents d’élèves sur les enjeux éducatifs locaux • Proposer une délibération sur des accueils périscolaires gratuits permettant à tous les enfants d’accéder à des activités diversifiées enrichissantes pour leur développement • Proposer la généralisation de l’accueil Einstein, • Alerter à travers divers articles dans IMV
SANTÉ
Ce que nous pensons du bilan de la majorité municipale :
La santé est une préoccupation quotidienne des Ivryens. Effectivement. Mais la majorité municipale est dans l’erreur, quand elle considère qu’avec son CMS (Centre municipal de santé), elle répond aux besoins de la population. 13614 consultations chaque année. Qu’en comprendre ? Malgré la qualité de cet équipement, en cours de mise en accessibilité, ainsi que toutes les actions de prévention et dispositifs d’accompagnement et de soins largement soutenus par l’Agence régionale de santé, Ivry fait partie des communes classées Zone d’intervention prioritaire, c’est-à-dire le niveau le plus élevé de désertification médicale. Chaque Ivryen peut constater la difficulté à obtenir un RV auprès d’un médecin généraliste, mais également auprès d’un spécialiste. Il reste 1 pédiatre, 1 psychiatre, 1 dermatologue, 31 généralistes (densité 2 fois moins élevée qu’à l’échelle de la France, tout comme pour les kinésithérapeutes et infirmiers). Et la moyenne d’âge élevée de la profession laisse présager une possible aggravation dans les temps à venir. Pas de Sami (service de garde permanent) ; des médecins en souffrance, parce que ne pouvant plus exercer leur métier sereinement, sans aucun soutien de la municipalité ; des pharmacies contraintes de délivrer des médicaments sans ordonnance et de se mettre en difficulté ; un risque pour la santé publique. Voici la réalité que le bilan du maire met sous silence.
Ce que le groupe socialiste a fait de son côté, dans son rôle d’opposant :
• Rencontrer les médecins en difficulté pour leur apporter soutien et écoute • Apporter son soutien à la constitution d’une maison de santé • Rédiger un article dans le journal municipal pour alerter sur la situation et faire des propositions de soutien à l’installation de médecins (faire le lien sur le récent article écrit dans ce domaine) • Visiter et consulter des communes menant une politique active de lutte contre la désertification médicale • Travailler avec le syndicat des médecins généralistes pour élaborer et évaluer les bonnes actions à mettre en œuvre
PROPRETÉ/SÉCURITÉ
Ce que nous pensons du bilan de la majorité municipale :
Dans ce domaine, chacun peut partager le même constat. La situation est préoccupante. Dépôts sauvages, stationnement anarchique, affichage sauvage,… Le laxisme prédomine et a permis le renforcement des incivilités dans tous les domaines. Pourtant, une ville de plus de 60 000 habitants dispose non seulement de moyens juridiques mais également humains, pour gérer et faire respecter son espace public, son vivre ensemble.
La communication effrénée produite depuis les assises de la ville tendent à faire croire à une prise de conscience. 26 agents assermentés et 7 médiateurs au sein d’un service dédié permettraient de mettre fin à cette impunité. C’est faux. 26 agents préexistants ont certes été regroupés dans un service. 1 agent était précédemment assermenté, non pour verbaliser, mais pour transmettre des constats au Procureur de la République à fins de poursuites. Malheureusement celui-ci a bien autre chose à faire. Certes d’avantages d’agents sont dorénavant habilités à écrire au procureur. Mais celui-ci n’agira pas davantage. La transparence voudrait que la ville nous communique le nombre de constats transmis (17 en 2018) et le nombre de constats suivis d’une pénalisation (0).
Il en va de même avec la gestion et l’entretien de l’espace public. La ville annonce le doublement des corbeilles de rue, à compter de 2019… d’ici combien de temps sera-t-il donc ce doublement effectif? Les chiffres lâchés ainsi hors contexte ne valent pas grand-chose. Avec 90 agents consacrés à la propreté, premières victimes de non-respect de leur travail, et un budget de 4 millions d’euros, il est difficile de comprendre que cela ne fonctionne pas.
Pourquoi ? Parce que les horaires ne sont pas articulés avec le ramassage des ordures ménagères, que les collectes sont insuffisantes, les bornes d’apport volontaire sur la voie publique inappropriées au contexte ivryen, et que le niveau d’incivilités est parvenu à un tel niveau que seule la plus grande fermeté permettra réellement d’y mettre fin. Avec des agents réellement habilités à sanctionner les fautes commises (par le biais d’une police municipale), de la vidéo-verbalisation là où le slalom entre les voitures arrêtés sur la chaussée est insupportable, comme rue Lénine et rue Thorez,…
Rappelons que le maire détient ce pouvoir de police et qu’il lui appartient de créer les conditions d’une ville calme, sécurisée et propre. Soutenir le maintien de la police nationale sur notre territoire repose aussi sur le fait de leur permettre de se concentrer sur leurs missions régaliennes de sécurité des biens et des personnes.
Ce que le groupe socialiste a fait de son côté, dans son rôle d’opposant :
• Rencontrer le commissaire de police pour faire des points sur la situation et recueillir ses attentes. • Participer à toutes les réunions conduites dans les quartiers sur ce sujet. • Etudier juridiquement et avec d’autres communes les véritables opportunités découlant des pouvoirs du maire en matière de police et des dispositifs choisis à Ivry (ASVP) ou ailleurs (Police municipale). • Travailler avec les secteurs en charge de ces dossiers pour évaluer le besoin
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